18 - Lionel's way

Lionel avait fait preuve de beaucoup, mais alors beaucoup, beaucoup de patience. Plus qu'il n'en avait certainement jamais montré avant. Il avait accepté de ne pas engager de tueurs, s'était effacé quand il l'avait fallu. Il avait même été assez désespéré pour engager Lucas qui s'était fait payer grassement sa petite trahison. Heureusement elle avait porté ses fruits puisque c'était pendant que Lucas s'était trouvé chez lui que le meilleur ami de son fils avait décidé de couper le cordon avec sa famille. Tout ce qu'il avait eu à faire avait été d'amener Ross à passer à l'improviste chez Clark. Rien de plus facile pour un manipulateur de son envergure.

Il savait que tout c'était parfaitement déroulé. Il avait entendu parler de la visite des Kent au siège de la LexCorp. Une visite de la belle famille du boss ne passait pas inaperçue, surtout quand la dite belle famille repartait furieuse et en claquant la porte. Dieu merci, tout le monde pensait que son fils et Clark étaient déjà ensemble. Qu'auraient-ils donc pensé qu'un chef pas même fichu de conquérir quelqu'un qui lui était déjà acquis. Cela aurait sérieusement entamé la réputation de son fils.

Il était plus que temps qu'il prenne les choses en mains. Il avait suffisamment délégué. Deux semaines depuis le départ des Kent et rien n'avait changé. Clark continuait de travailler au Planet, et d'être le meilleur ami de Lex. Le dernier déjeuner qu'il avait partagé avec les deux jeunes gens avait été très inconfortable. Il y avait une tension dans l'air... Comme si quelque chose devait arriver de façon imminente. Mais rien n'arrivait, et la tension augmentait. Et sérieusement, Lionel ne se sentait pas le courage d'assister à un seul autre déjeuner de la sorte. Il ne pourrait pas supporter un seul regard transi d'amour au dessus de la table.

Apparemment aucun des deux ne voulaient être le premier à agir. Parfait. Lionel serait celui qui agirait. Il ne laisserait pas le nom des Luthor être traîné dans la boue. Il n'était pas question que Luthor soit synonyme d'hésitation. Sérieusement. Il décrocha son téléphone et demanda à son assistant de lui passer le responsable du restaurant L'Oiseau Bleu. Le restaurant réputé le plus romantique et le plus cher de toute la ville. Ce serait le cadre parfait.

"L'Oiseau Bleu ?" fit une voix féminine.
Lionel rageait. Son assistant lui avait donné le numéro de téléphone du restaurant. Décidément on était bien servi que par soit même.
"Ici Lionel Luthor passez moi le responsable."
"Je suis le responsable."
Lionel ne put s'empêcher de sourire, méprisant. Une femme, responsable ? Et il n'avait pas fait faillite ? C'était une première.
"Je vois. Je veux votre restaurant pour vendredi soir."
"Plait-il ?" Et elle était lente d'esprit... Qu'est-ce que Lionel n'était donc pas obligé de faire pour son fils... vraiment...
"Je réserve votre restaurant pour vendredi. Entièrement."
"Ce vendredi ?"
"Oui ce vendredi."
"Ce n'est pas possible, monsieur Luthor. Il faut réserver des mois à l'avance."
Lionel se frotta les yeux, agacé.
"Je vous explique. Je suis un Luthor. Je veux ce restaurant vendredi. Soit vous vous débrouillez pour que j'ai le restaurant vendredi soir, soit je m'arrange pour l'avoir d'une autre manière."
"Vous me menacez ?!"
"Absolument pas, voyons, je ne menace pas les femmes, je suis un gentleman. Vendredi soir, j'attends votre coup de téléphone. A bientôt."

Voilà qui était fait. Maintenant il était temps de passer à la phase deux de son génialissime plan.


Clark était au Daily Planet depuis huit heures du matin. Il était onze heures trente et il n'avait fait qu'une seule chose : vérifier chacune des sources de Lane avant la publication de son article dans la prochaine édition du journal. C'était loin d'être un travail passionnant. Malgré l'excellent article qu'il avait écrit sur le scandale à la mairie, il était toujours regardé de haut par ses collègues et son patron. Sa volonté de ne travailler qu'à mi-temps choquait. La seule personne qui n'avait pas paru étonné était la chroniqueuse mondaine. Lex avait sans doute du la payer un jour ou l'autre pour qu'elle taise le nom de Clark dans un de ses articles.

Il se demandait ce qui était le mieux : passer pour un dilettante ou pour un gigolo...

Clark vérifiait les antécédents d'un gardien de nuit et ne fit pas attention au silence qui s'était soudain emparé de la salle de rédaction. Ce ne fut que lorsque Lionel lui adressa la parole qu'il s'aperçut de sa présence. C'était le problème quand on s'entraînait depuis des années à ne pas écouter les conversations des autres, quelles soient à trois mètres ou à trois kilomètres.

"Clark. Très occupé à ce que je vois."
L'intéressé leva les yeux, très surpris.
"C'est un simple travail de routine. Qu'est-ce que vous faites là ?"
Déjà la plus part des journalistes avaient laissé tomber ce qu'ils étaient en train de faire pour écouter de leurs deux oreilles la conversation. L'un d'eux avait même discrètement prévenu Perry White de leur visiteur.

"Je passais par là et je me suis dit que je pourrais passer dire bonjour."
Clark le regarda attentivement, essayant de déchiffrer, en vain, ses intentions. Lionel Luthor ne faisait jamais rien sans raison. Et certainement se détourner de son itinéraire pour 'passer dire bonjour'.
"Vous passiez par là, vraiment ?"
"Je suis blessé de voir que tu accordes si peu de crédit à ce que je dis." Clark roula des yeux. Le petit air meurtri de Lionel était plus comique qu'autre chose."Je peux très bien m'arrêter dire bonjour à un ami..."
Plusieurs journalistes du Planet s'étouffèrent en entendant cela.
"Et je voulais savoir" continua Lionel sur sa lancée " à quelle heure était le déjeuner de dimanche, je ne me souviens plus exactement..."

Clark, s'il n'avait pas déjà eu la certitude qu'il s'agissait d'un autre coup fourré de Lionel, n'aurait eu besoin que de ça pour s'en convaincre. La présence de ce Luthor particulier ne pouvait rien présager de bon.
"L'heure du déjeuner ? Dimanche ?"
C'était toujours la même heure. Depuis le début. Même heure, même endroit tous les dimanches.
"Et bien oui. Je ne voudrais pas..."

"Qu'est-ce qui se passe ici ?" interrompit Perry White comme Lionel l'avait prévu.
"Ah Monsieur White." fit Lionel, badin, un sourire charmeur aux lèvres."C'est toujours un plaisir de vous rencontrer. Combien de temps depuis la dernière fois ?"

Perry se souvenait parfaitement que la 'dernière fois' n'avait rien eu de plaisante. Lionel avait brisé le mariage de sa soeur en la séduisant et en apportant les preuves de son infidélité à son mari. Une vengeance contre Perry dont le journal avait sorti une semaine plus tôt les révélations d'un scandale au sein de la LuthorCorp.

"Que faites-vous ici ?"
"Oh trois fois rien.... Je suis juste passé demander à Clark à quelle heure était notre rendez-vous dimanche."
A ces paroles, White se retourna, le regard dur, vers son employé.
"Kent vous le connaissez ?"
"Oui monsieur." Clark ne voyait pas l'intérêt de mentir pour ça.
"Vous déjeunez avec lui dimanche ?"
Clark soupira. Son chef n'avait pas l'air de prendre très bien la chose.
"En effet." se contenta-t-il pourtant de répondre.

White attendait visiblement qu'il développe de lui même la situation mais Clark n'en fit rien.
"C'est tout ce que vous trouvez à dire ? Défendez-vous un peu parce que je dois dire que là Kent, ça ne sent pas bon pour vous. Il n'y a pas de journaleux corrompu dans mon journal. Et tout le monde sait que tout ce que touche un Luthor est corrompu !"
Clark ne répondit rien. Lionel lui buvait du petit lait. Son plan était une réussite sur toute la ligne. Il ne restait plus qu'à son fils de faire son entrée.
"Alors Kent, vous allez vous expliquer ? Qu'est-ce que c'est que ce déjeuner ?"
"Cela ne vous regarde pas. C'est en dehors de mes heures de travail."
"Si Luthor vous achète le dimanche pour vous utiliser le lundi je crois que au contraire c'est mon affaire !"
"Alors ça tombe bien parce qu'il n'était pas prévu qu'il m'achète." répondit Clark qui commençait à trouver tout ça ridicule.

Ok, Lionel était aussi digne de confiance qu'un ex du KGB reconverti dans le trafic d'armes (trafic qui devait certainement être à son palmarès d'ailleurs compte tenu sa passion pour toutes les activités lucratives et criminelles) et oui sa réputation n'était pas usurpée. Mais qu'il passe dire bonjour aussi invraisemblable que cela puisse paraître, n'était pas une raison pour doute de l'intégrité de Clark. Pourquoi dès que quelque chose tournait mal, on commençait à douter de lui ? Ca commençait à bien faire... Et dire que le journalisme était sensé avoir à faire avec les preuves et non avec les présomptions et les préjugés. Clark n'était pas Lionel quand même !

"Ne me parlez pas sur ce ton Kent ! Et répondez !"
Clark haussa les épaules.
"'Je pourrais très bien mettre fin à votre carrière."
Clark roula des yeux, nullement impressionné.
"Alors faites donc, surtout ne vous privez pas. Mais j'attends de voir avec impatience le motif de licenciement que vous invoquerez."
"Je n'ai pas besoin de vous licencier pour faire de votre vie un..."

"Ah Père, vous êtes là !" Lex venait d'entrer, juste dans les temps. Il était tellement prévisible, c'en était gênant pour Lionel.
"Lex... Qu'est-ce que tu fais là ?"
Bonne question. Lex avait juste appris que son père était au Daily Planet et il avait foncé là-bas sans se poser de question. Une visite de son père n'était jamais bon signe.
"Je peux vous retourner la question père."
"Oh mais c'est très simple. Je voulais juste savoir à quelle heure était le déjeuner de dimanche."
Lex surprit par la réponse, essaya de se donner du temps.
"Le déjeuner ? De dimanche ? Vous avez oublié l'heure ?"
"Je voulais confirmation."
Mais bien sûr... Lex n'y croyait pas une seule seconde. Une chose était certaine Clark était dans de beaux draps.
"Sérieusement, Père, je vais finir par croire que vous avez Alzheimer. Je vous ai vu moi même placer le rendez-vous dans votre agenda."
"Ah oui ?"
"Et franchement oublier l'interview la plus inventive qu'on vous ait proposé depuis des années..."

"Une interview ?" demanda Perry White tout à coup intéressé.
"Oui la mienne et celle de mon père. Une confrontation directe de nos points de vue."
White commença à calculer mentalement le nombre d'exemplaires supplémentaires qu'il pourrait espérer vendre avec une telle couverture.
"Excellent Kent ! Très bonne idée... Bravo mon garçon."
Clark roula encore une fois des yeux.
"Oh et tout à coup vous ne voulez plus ruiner ma carrière ?"
"Bien sûr que non. Cette interview..."

Clark ne perdit pas de temps à peser le pour et le contre.
"Il n'y a pas d'interview." lâcha Clark.
"Comment ça pas d'interview ?"
"Pas d'interview, c'est simple pourtant."
"Voyons monsieur Kent." essaya Lex. "Bien sûr qu'il y a une interview !"
Clark se tourna vers Lionel.
"Lionel dites à ma girouette de chef qu'il n'y a pas d'interview !"
Lionel s'exécuta de bon coeur. Contrairement à son fils, le jeune Clark voyait où se trouvait son intérêt... Plus ou moins.
"Il n'y a pas d'interview."

"Mais..." Perry se tourna vers Lex. La situation tournait au mauvais effet comique.
"Lex a seulement dit ça pour sauver mon job au Planet."
"Lex ?!" s'étonna un journaliste un peu plus loin.
"Et franchement, Lex, ne m'appelle pas monsieur Kent. Tu sais à quel point c'est bizarre ?"

Lex hésitait sur la marche à suivre. Que son père soit fou était une chose à laquelle il s'était habitué, mais que Clark le suive dans sa folie...

"Mais alors qu'est-ce que c'est que ce déjeuner ?!" demanda White au bord de la crise de nerfs.

"Un rendez-vous amical. Nous mangeons tous les trois ensemble tous les dimanches."
La vérité avait l'air encore plus stupide que le mensonge. Et bien moins crédible aussi. Lex ne devait pas être doué pour la vérité.

"Kent je ne sais pas ce que ce qui se passe ici mais je veux des explications et tout de suite."
"Il se passe que je démissionne. Je suppose que c'est pour ça que Lionel est passé."
"Loin de moi cette idée." se défendit le père de Lex ce que fit sourire ironiquement son meilleur ami autant que lui.
"Kent, je vais vous griller dans la profession. Jamais vous ne retrouverez autre chose que la rubrique des chiens écrasés."
"Le journalisme ne l'intéresse pas." affirma Lionel.

Lex réfléchit un moment avant de faire part de son opinion sur le sujet.
"Clark." fit-il avec un sourire de requin aux lèvres. "Je veux qu'à quatorze heures tapantes tu sois à ton poste. Tu as du travail qui t'attend."
Clark sourit plus franchement.
"Aucun problème."

Lionel secoua la tête d'un air désespéré.
"Mon dieu, cet homme n'est pas mon fils... Ce n'est pas possible autrement."
"Qu'est-ce qu'il y a Père ? Ce n'est pas ce que vous vouliez ?"
"Parfois je me demande lequel de vous deux est le pire... Tu aurais au moins pu l'inviter à déjeuner pour fêter ça. Je n'ai jamais eu cette conversation avec toi Lex, et nous sommes trop vieux tous les deux pour l'avoir maintenant... mais tu préfères lui ordonner de venir travailler... Ah bravo !"

Lionel pointa un doigt accusateur sur son fils.
"Ne va pas tout gâcher, hein ?! Je ne vais pas passer mon temps à réparer l'une ou l'autre de vos bêtises."
Sur ce il tourna les talons et sortit en faisant voler derrière lui son long manteau noir, théâtral. Arrivé à la porte de l'ascenseur, il se retourna et avant que les portes ne se referment sur lui, il lança un petit carton à Lex.
"Ne soyez pas en retard !"

C'était une carte de L'Oiseau Bleu.


La soirée du vendredi finit par arrivée. Lex et Clark arrivèrent à L'Oiseau Bleu après un trajet en Porsche particulièrement silencieux. Déjà, quand Lex était passé prendre Clark chez lui, ils n'avaient pas échangé plus de quelques mots. Tous deux étaient bien trop nerveux pour avoir le courage d'alimenter la conversation. Le restaurant, désert, ne vint pas arranger les choses.

Ils commandèrent, Lex traduisant le menu écrit en français pour Clark comme il le faisait si souvent. Pourtant, si on le lui avait demandé, Clark aurait avoué qu'il commençait à comprendre ce qui était indiqué. Mais Lex adorait commander pour lui, alors il restait muet sur le sujet. Puis l'attente et le silence recommencèrent. Le personnel du restaurant commençait à trouver cela très étrange. Ou très amusant, c'était selon.

Lex finit par se dire quand un serveur vint enlever leurs hors-d'œuvre, que comme il était le plus âgé, le plus expérimenté et le plus Luthor de l'affaire (porter son nom était un avantage parfois pour s'auto motiver), il décidé de faire un effort en disant quelque chose.
"Alors comment s'est passée ta journée ?"

C'était minable, mais bon, à défaut d'autre chose...
"Ca a été. On a fait quelques progrès avec le LXC2400. Mais Maggy a eu un problème avec sa fille et elle a du partir plus tôt. On finira les derniers ajustements avant la première série de tests demain. Et toi ta journée ?"
"Oh, l'habituel. Enrique a bien failli me tuer, et Mercy, que je paye pourtant pour me protéger, l'aurait volontiers aidé."

Il avait été particulièrement insupportable toute cette journée. Ses employés s'en étaient arrachés les cheveux. Seuls Enrique et Mercy savaient que la mauvaise humeur de leur patron était en fait de l'anxiété déguisée. Et c'était la seule chose qui avait sauvé Lex d'une mort lente et douloureuse.

"Un contrat important ?" demanda Clark.
Lex hocha la tête. Clark était en quelque sorte le contrat le plus important qu'il avait à négocier. Et il n'était toujours pas sûr de pouvoir signer l'affaire.

Après un autre long silence, Lex fit une nouvelle tentative.
'Du nerf, Lex, du nerf.' s'exhorta-t-il.
Sa main ne lui était jamais parue aussi lourde que lorsqu'il la souleva pour la poser sur la main de Clark. Clark qui n'avait rien vu venir, occupé à regarder le liquide ambré dans son verre, sursauta. Lex retira sa main comme s'il avait été brûlé et se plongea dans la contemplation de son assiette. Il était vraiment maudit.

En cuisine, le personnel du restaurant ricanait.

Un autre long moment silencieux passa et Clark soupira.
"Lex... C'est vraiment ridicule tout ça."
Lex releva la tête, anxieux, ne sachant pas ce qui était ridicule exactement.
"Ca fait combien de temps qu'on se connaît exactement ? Huit ans, non ?"
"A peu près." Peut-être n'était-ce pas le meilleur moment pour avouer à Clark qu'il aurait pu donner le moment de leur rencontre à l'heure près.
"Et combien de fois a-t-on été dans ce genre de restaurants ?"
"J'ai arrêté de compter... Quoiqu'ils n'étaient pas aussi romantiques."
Clark sourit.
"C'est vrai, mais ce n'est pas le décor l'important n'est-ce pas ?"
Lex sourit à son tour, pour la première fois de la soirée.
"Enfin tout ça pour te demander pourquoi est-ce qu'on est aussi bizarres ce soir ?"
"Je ne sais pas." répondit Lex avant de réfléchir un peu plus à la question."Peut-être parce que tout peut changer. Et que le changement sera irréversible."

"Je ne crois pas que tout doive changer, Lex."
Oh. C'était à ce moment là que Clark lui apprenait qu'il préférait qu'ils restent juste amis. Qu'il ne voulait rien de plus que de l'amitié entre eux. C'était une spécialité de Clark après tout, d'user de ce couplet. Il avait déjà fait le coup à Chloé et à Lana. Lex n'était pas sûr de prendre la chose si bien que ça. Heureusement, Clark continua de parler avant qu'il ne puisse se perdre davantage dans un malentendu.

"Mais j'espère bien que les changements seront irréversibles."Souffla-t-il.
Lex respira à nouveau.
"Mais ils seront minimes. On est nerveux pour pas grand chose, je pense."finit Clark.

Lex leva un sourcil interrogateur. Bonne nouvelle, Clark ne semblait pas vouloir lui faire le même coup qu'à Chloé. Pour le reste, c'était encore confus.

"Non, c'est vrai Lex. Je t'aime depuis quoi... six ou sept ans et toi c'est pareil. On a des affaires l'un chez l'autre, les clefs de nos appartements respectifs. Tout le monde dit qu'on se comporte déjà comme un couple marié. Ca fait quasiment huit ans qu'on sort ensemble. Plus ou moins, de notre façon particulière. La seule chose qui va changer, c'est le nombre de chambres occupées. Rien d'inquiétant là dedans."

"Vu comme ça, c'est vrai que... On a déjà relevé pire comme défi. Je crois qu'on va s'en sortir." fit Lex après un instant de réflexion.
"Je n'en ai jamais douté... Sauf peut-être au début de la soirée."
Lex lui répondit par un sourire avant de lui prendre la main.
"Alors si tu me parlais du LXC2400 maintenant ?"
"Tu vas voir, il est génial. Sur les plans du moins. On attend les tests pour voir si tous les problèmes ont été correctement résolus."

Le reste du dîner se passa à merveille. Ils parlèrent de choses et d'autres, l'ambiance était bien plus détendue qu'au début du repas. Le fromage, puis le dessert suivirent sans que l'atmosphère pesante ne revienne tout gâcher.


Ils remontèrent dans la Porsche. A part se tenir la main jusqu'à la voiture, ils n'avaient rien fait. Lex repensa à ses précédents records, particulièrement pendant ses années folles... Ses habitudes contrastaient singulièrement avec la relation qu'il avait avec Clark aujourd'hui. Plus d'une demi-douzaine d'années à se fréquenter, et ils en étaient à se tenir la main. Honte sur lui. Mais ce n'était pas comme si Clark était n'importe qui qu'il pouvait oublier avant même la fin de la nuit.

Et pour se rassurer, il pouvait se dire sans trop mentir que Clark l'avait embrassé le premier jour quelques minutes à peine après leur rencontre. Pour le ramener à la vie, soit. Mais tout de même. Le score n'était pas nul.

Avant de démarrer, Lex se tourna vers Clark, par habitude ou peut-être parce qu'il avait inconsciemment senti son regard sur lui. Clark rougit de s'être fait prendre et détourna le regard : la rue lui semblait soudain très intéressante.

Oh... Serait-il possible que quelqu'un ait quelques pensées coupables ? Lex, que cette idée enchantait, prit Clark par la nuque pour l'attirer à lui. Il se contenta d'abord de poser un baiser chaste sur ses lèvres, puis voyant que Clark ne lui avait pas fait traverser l'habitacle de la voiture sous l'effet de la surprise, il passa à la vitesse supérieure. Il passa sa langue sur les lèvres de Clark qui s'entrouvrirent immédiatement. Il embrassa Clark comme il mourait d'envie de le faire depuis des années. Depuis que Clark avait posé sa bouche sur la sienne près de la rivière. Bouche contre bouche, langue contre langue, il pouvait enfin retrouver le goût suave, alien, de Clark. Jamais il n'avait oublié cette saveur particulière.

Il se rendait compte que ce n'était pas la première fois que quelqu'un embrassait Clark. Lex aurait donné n'importe quoi pour être celui qui avait appris à Clark à embrasser comme ça. Et il se rendit compte à quel point il haïssait les anciennes petites amies de Clark quand il l'entendit gémir contre ses lèvres. Il aurait voulu qu'il n'y ait pas eu ces garces avant lui. Il aurait voulu être le premier à faire de l'effet à Clark de cette façon. La jalousie lui fit resserrer son étreinte sur lui.

Alors qu'il explorait la bouche de Clark en détails, une de ses mains était passée sous la chemise de Clark. Il pouvait sentir sous ses doigts la douceur de sa peau. Il n'y avait aucune cicatrice sur le corps de Clark. Lex se promit qu'il serait le dernier à avoir le privilège de toucher Clark aussi intimement. Il n'avait pas pu être le premier, il serait au moins le dernier.

Une main de Clark reposait sur son torse depuis tout à l'heure, mais l'autre était descendue doucement pour se glisser entre ses jambes. Oh. Il fallait que Lex se décide maintenant. Sinon ils seraient trop tard pour arrêter quoi que ce soit. Il saisit le poignet de Clark doucement mais fermement, l'empêchant de défaire la fermeture de son pantalon.

"Clark, je crois qu'il est temps de s'arrêter." fit Lex en le repoussant légèrement. "Je ne tiens pas être arrêté pour exhibitionnisme."
Clark fit une moue déçue qui aurait fait céder Lex en tant normal.
"Et puis, tu connais mes talents de conducteur... Je ne pourrais pas éviter l'accident si on ne part pas tout de suite."
Clark leva un sourcil, étonné.
"J'aurais pourtant cru que tu serais trop...tendu pour conduire."
Lex manqua de s'étouffer en entendant ça sortir de la bouche de Clark. Clark lui renvoya un petit regard innocent qui aurait pu le convaincre si Lex n'avait pas été sûr de son audition parfaite.
"Tu veux vraiment qu'on fasse ça ici ? Dans un parking ? Après tout le temps qu'on a attendu pour ça ?"
"Non pas vraiment... Allons-y." Il ajouta avec un sourire. "Fouette cochet !"
Lex roula des yeux mais obtempéra, la main de Clark sur sa jambe.

Premier baiser réalisé avec succès, se félicita Lex, cochant mentalement cette étape sur sa liste alors qu'il faisait démarrer la voiture. Et à voir les dispositions de Clark, le temps perdu serait facilement rattrapé.


Lionel attendait depuis dix bonnes minutes déjà. Son fils et celui qui était enfin devenu son amant se faisaient attendre pour la première fois en plus de deux ans de déjeuner du dimanche. Il ne pouvait qu'imaginer ce qui pouvait les retenir.

Finalement ils arrivèrent, Clark avait les joues roses et son allure échevelée ne laissait plus aucun doute à Lionel sur ce qui avait causé ce retard. Son fils était le même que toutes les autres fois, si ce n'était qu'il tenait la main de Clark dans la sienne. "J'ose espérer que la prochaine fois que je demanderais confirmation des horaires, je ne serais pas moqué, n'est-ce pas ?" Clark sourit. "Merci d'avoir attendu... et merci pour tout." "De rien, de rien." fit Lionel en les invitant à s'asseoir. Lex roula des yeux. "Le style 'Grand Seigneur' ne te vas pas du tout. Et la prochaine fois que tu payes Lucas ou qui que ce soit d'autres pour toucher Clark, je payerais quelqu'un pour te tuer." Lionel hocha la tête, de bonne humeur malgré la menace de mort que son fils faisait peser sur lui. Il leva son verre et porta un toast. "A ma santé. Personne n'aurait pu rassemblé deux êtres aussi stupides et aveugles. Nul autre que moi pour réussir pareil exploit. Que ma vie soit longue et mes conquêtes nombreuses."

Lex et Clark roulèrent des yeux avant de lever leurs verres à leur tour. Certaines choses ne changeraient jamais.

FIN

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