Chapitre 7
Clark était furieux et totalement perdu. Il n’arrivait pas à
faire le point sur les sentiments qui se bousculaient dans son cœur. Des
larmes de rage et de désespoir coulèrent sur ses joues et il ne
tenta même pas de les essuyer. Il avait quitté le manoir en courant
et il s’arrêta quelques secondes plus tard. Il se rendit alors compte
qu’il se trouvait à l’endroit précis où il
avait rencontré Lex Luthor pour la première fois. La rambarde
du pont que la Porsche avait détruite était réparée
et seules quelques traces de pneus témoignaient encore de l’accident
qui aurait pu coûter la vie aux deux hommes ce jour-là. Sauf qu’ils
avaient survécu grâce aux dons de Clark. Ils étaient devenus
très proches malgré leurs différences et l’hostilité
de Jonathan Kent envers la famille Luthor. Clark s’appuya à la
rambarde, à l’endroit où il se trouvait quand la voiture
de Lex l’avait projeté dans le vide. Il se plongea dans ses pensées
et n’entendit pas la voiture qui se garait au bout du pont, ni les bruits
de pas qui s’approchaient. Il sursauta quand une voix trop familière
retentit derrière lui :
- Je me doutais que je te trouverais là !
Clark se retourna et fit face à Lex. Leurs regards se croisèrent
et, pour la première fois, l’homme d’affaire baissa les yeux
le premier.
- Je suis désolé, Clark… Je ne sais plus quoi penser…
- Je suis aussi perdu que toi… Mais, je sais une chose : je ne veux pas
te perdre, Lex ! Tu es mon ami. Mon meilleur ami et je ne veux pas que tout
s’arrête comme ça.
Clark s’approcha de Lex qui gardait toujours les yeux rivés au
sol.
- Tout le monde pense que je suis sans cœur, que je n’aime que moi
et l’argent. Mais, c’est faux. J’ai beaucoup souffert par
amour, même si je ne l’ai jamais montré à personne.
Avant toi, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui n’en
voulait pas à ma fortune. Tu es si désintéressé
qu’au début, j’étais gêné de tes refus.
- Je ne cours pas après l’argent. Ce que j’ai me suffit.
Je t’apprécie pour qui tu es. Je sais que tu peux paraître
froid et distant, mais je te connais, Lex. Je me souviendrais toujours de cet
instant où nos regards se sont croisés, ici même, juste
avant que l’accident n’arrive. J’ai tout de suite compris
que tu étais quelqu’un d’extraordinaire et je ne me suis
pas trompé. Je n’ai pas eu à me forcer pour devenir ton
ami, c’est venu tout seul.
- Je sais. Clark, qu’est-ce qu’on va faire, maintenant ?
- Je l’ignore… J’ai besoin d’un peu de temps pour mettre
de l’ordre dans mon cœur. Je dois t’avouer que j’aime
toujours Lana… Je crois que je l’aimerais toute ma vie… Mais
toi… Franchement, Lex, je suis totalement perdu… Je n’ai jamais
éprouvé ce que j’éprouve aujourd’hui et ça
me fait peur…
- Je comprends. Lorsque j’ai pris conscience de mes sentiments pour toi,
j’ai cru que je perdais la tête. Et, à chaque fois que je
te voyais, ça me torturait de ne rien pouvoir te dire…
Lex se décida enfin à lever les yeux et son regard azur plongea
dans celui de Clark. Il s’approcha doucement, hésitant à
aller plus loin. Son ami décida pour lui. Il parcourut la distance qui
les séparait encore et, prenant Lex dans ses bras, déposa un doux
baiser sur ses lèvres. Au bout de quelques secondes, il se séparèrent.
Un sourire énigmatique apparut sur le visage de Lex et Clark lui demanda
:
- Qu’y a t’il ?
- J’étais juste en train de me demander ce que ferait ton père
s’il nous voyait en ce moment !
Clark imagina la tête de Jonathan Kent surprenant son fils et Lex en train
de s’embrasser à pleine bouche et se mit à rire.
- Je crois qu’il nous tuerait !
- Il y a des chances. Clark, je pense qu’on devrait garder ça pour
nous quelques temps.
- Tu as raison. Sauf que Katy est au courant.
- Je me doutais bien que tu avais du lui en parler. Ne t’inquiètes
pas, je la connais bien, elle ne dira rien à personne si on lui demande
de garder le secret.
Le regard de Clark s’assombrit soudain.
- A quoi tu penses ?
- Lex… Il y a une chose que tu dois savoir à mon sujet… C’est
difficile… Peu de gens sont au courant…
- Tu sais bien que tu peux tout me dire, Clark.
Le jeune homme s’éloigna un peu de son ami, hésitant encore
à lui révéler le secret le plus important de sa vie. Lex
comprit que l’instant était grave et proposa :
- Tu veux qu’on aille en parler ailleurs ?
- Non. Ici, c’est très bien… Lex… Je te mens depuis
notre rencontre…
- Au sujet de l’accident ? Je sais que ma voiture t’a bien heurté…
Je sais que plusieurs fois, tu es sorti indemne de catastrophes, sans même
une petite égratignure…
- Je me doutais que tu ne me croyais pas quand je te disais qu’il n’y
avait rien de particulier chez moi. Je…
Clark se passa une main dans les cheveux, il était si nerveux qu’il
en tremblait, ce que Lex remarqua immédiatement.
- C’est donc un secret si lourd à porter ? Tu n’es pas obligé
de m’en parler maintenant.
- Si, il le faut. Si je ne le fais pas maintenant, je ne pourrais plus le faire.
Et puis… si on doit être plus que des amis… on doit être
honnêtes l’un envers l’autre… Mais, d’abord, tu
dois me faire une promesse.
- Je t’écoute.
- Promets-moi que si le destin faisait en sorte que nous ne soyons pas fait
pour vivre… une histoire d’amour… tu ne te serviras pas de
ce que je vais te révéler contre moi.
Lex hésita quelques secondes.
Il sait très bien que je ne manque jamais à ma promesse…
- Je te le promets, Clark. Et, je te promets aussi que tout ce que tu me diras
maintenant restera entre nous à jamais.
- Merci.
Le jeune homme se plongea dans la contemplation de la rivière en contrebas,
ne pouvant pas soutenir le regard de Lex pendant qu’il parlait.
- Je ne suis pas né ici… Je ne parle pas de Smallville, ni même
du Kansas… Je viens d’une autre planète…
N’entendant aucune exclamation de surprise, il continua :
- Je suis arrivé en même temps que la pluie de météorites.
Et… si je ne suis pas mort quand ta voiture m’a percuté,
ce fameux jour, c’est parce que j’ai des… pouvoirs…
- De quelle sorte ? Interrogea Lex d’une voix calme et posée.
- Je ne peux pas être blessé, ni tué… Et, je peux
être plus rapide que n’importe quoi sur Terre. Et… Je peux
voir à travers les murs…
Clark attendit la réaction de son ami, mais rien ne vint. Il n’osait
pas se retourner de peur d’avoir à affronter le regard de Lex.
Soudain, une main se posa sur son bras et il sursauta. Lex se tenait à
côté de lui et regardait lui aussi la rivière en contrebas.
- Je comprends que tu aies eu du mal à me dire tout ça. Merci
de me faire confiance à ce point.
- Tu n’es pas choqué ?
- Non. Au contraire, ça explique tout ce qui est arrivé depuis
que je te connais et, franchement, je me sens mieux de savoir que je ne suis
pas fou ! Je me doutais que tu n’étais pas un garçon comme
les autres… Je crois que c’est pour ça que je suis tombé
amoureux de toi.
Ils restèrent ainsi de longues minutes sans parler, chacun plongé
dans ses pensées, le regard perdu dans le vide.