15 - Graduation 2

Contrairement à ce que Lex avait dit et promis à son *hum hum* meilleur ami, il ne trouva pas de solution au problème que Clark avait vis à vis de ses parents. Clark avait simplement arrêté de sortir avec des filles qui n'auraient jamais aucune chance d'avoir la faveur de ses parents et qui, de toutes façons, ne l'intéressaient pas. Il n'y perdait pas au change, pas vraiment du moins.

Lex, après sa rupture -oh combien douloureuse- avec Brian, ne s'investit dans aucune relation de plus de quelques jours. L'accord entre lui et Clark à ce sujet était tacite mais clair. Pour éviter de devenir fous, de jalousie par exemple, ils n'avaient aucune relation suivie. Si Lex trouvait la situation injuste pour lui (après tout ce n'était quand même pas lui qui avait encore des problèmes à régler avec ses parents) il n'en souffla mot. Si Clark hésitait, il n'en montrait pas le moindre signe. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Non pas qu'il n'y ait eu aucune avancée. Ce n'était pas le cas. Loin de là. Clark ne rentrait qu'un minimum de temps à Smallville. Il avait prétexté un job d'été pour pouvoir rester à Metropolis ces deux dernières années pendant les vacances. Il rentrait bien chez ses parents plus souvent que dans l'année scolaire, mais il était à Metropolis. Il avait réussi à décrocher un stage au Daily Planet après sa deuxième année et il avait fait de même l'année suivante. En fait, le stage n'était qu'un temps partiel. Le reste du temps, il avait un autre job d'été. Au sein de la LexCorp. Qui, inutile de le préciser aux vues des compétences de Clark, était très bien payé.

Cet emploi estival au Daily Planet faisait la fierté de ses parents. Le Daily Planet était connu pour son indépendance et pour ses journalistes qui n'hésitaient pas à s'attaquer à tous ceux qui franchissaient les barrières de la loi. Si puissants soient-ils. Il y avait déjà eu de nombreux articles assassins sur les Luthor. Sur Lionel surtout.

Le job au Daily Planet, et sa bourse permettaient à Clark de ne pas avoir à s'inquiéter trop de l'argent, contrairement à beaucoup d'étudiants. L'argent qu'il gagnait à la LexCorp était soigneusement épargné. Tout comme l'argent que lui avait rapporté son travail du dimanche après-midi sur le vaisseau. Les brevets que Lex et lui avaient déposés étaient très rentables.

Grâce à des notes sans faille, et au soutient (anonyme) de Lex, Clark sortit de MetU un an avant ce que le cursus habituel imposait, passant les examens des deux dernières années dans la même semaine. Pour Lex, c'était une victoire évidente sur les parents de Clark. Ils auraient tous deux préférés que leur fils suive le parcours "normal" et évite de se faire remarquer. Mais Clark avait tenu bon. Parce que cela n'avait aucun rapport avec ses pouvoirs. Il avait dit à ses parents qu'il ne comptait pas vivre au ralenti ou permettre à ses pouvoirs de lui imposer une vie dont il ne voulait pas.

Bien sûr, cette conversation avait eu lieu au téléphone. Il n'y avait pas eu de confrontation directe. Mais Lex était heureux de voir que Clark avait tenu bon. C'était peut-être le début de la fin de l'influence omniprésente et malfaisante des Kent.

Les prochains jours le diraient certainement. Clark recevrait son diplôme et passerait l'été à Smallville. Lex ne pourrait pas y être pendant un mois et il espérait que Martha et Jonathan ne déferait pas tout le travail qu'il avait mis des années à accomplir. Il détestait penser à ça, mais il savait Clark très malléable quand il s'agissait de ses parents.

Les Kent seraient là à la cérémonie de remise des diplômes et ils emmèneraient Clark pour l'été avant qu'il ne commence à travailler. Le Daily Planet lui avait offert un poste. Tout comme la LexCorp. Le professeur Gardner avait dit à Lex qu'il avait intérêt à ce que Clark soit définitivement dans l'équipe en Septembre. Lex n'avait pas demandé ce qu'il se passerait s'il n'arrivait pas à convaincre Clark. Quelque chose lui disait qu'il ne préférait pas le savoir.

Le problème était que Clark ne semblait pas encore prêt à choisir pour lui. Ce qui faisait grincer les dents de Lex. Il allait entrer dans la vie active mais il laissait toujours choisir ses parents. De son côté, Lex en était arrivé à un point où il ne supportait plus la situation. Il n'en avait encore rien dit, mais ces derniers mois avaient été durs. Combien de temps était-il prêt à attendre ? Attendre quelque chose qui n'arriverait jamais si Clark continuait de vouloir ménager tout le monde.

Lex avait attendu Clark plus que pour n'importe quoi d'autres. N'importe qui d'autre aurait abandonné depuis longtemps. La situation était complètement ridicule. Et ce, depuis longtemps. Lex avait décidé que l'issue de l'été déterminerait s'il continuerait sur le chemin de la folie ou s'il se conduirait enfin comme un Luthor. Dans le bon sens du terme. En oubliant toutes ces idées stupides et en se mariant à la première héritière venue. Cela ne plairait sans doute pas à son père bien que lui aussi ait décrété que cet été était le dernier qui verrait une telle folie de la part de son fils. Lionel voyait plutôt une mesure radicale comme tuer les Kent et profiter du chagrin de Clark. Il avait déjà fourni quelques renseignements à son fils sur les tarifs qui se pratiquaient ces derniers temps pour un double meurtre, ajoutant qu'il acceptait de payer en guise de cadeau à son fils.

Lex n'avait même pas été choqué. Et avait même songé sérieusement à cette possibilité avant de se rappeler que les chances que Clark découvre sa responsabilité dans l'histoire étaient trop grandes. Et là, il n'aurait même plus l'amitié de Clark. Accepter que Clark ne serait jamais plus que son meilleur ami était une chose, mais qu'il ne soit pas son ami était tout à fait différente.


Le jour de la cérémonie arriva enfin. Comme lorsque Clark était sorti du lycée, Lex était là et avec lui Gardner et une partie de son équipe. Enrique et Mercy étaient là également pour filmer et s'assurer que leur boss ne manquait de rien, et surtout pas d'une garde rapprochée si discrète soit-elle. Sa secrétaire était restée garder le fort, ayant perdu à la courte paille.

Un peu plus loin, Lex avait aperçu les Kent. Martha avait hoché de la tête dans sa direction, Jonathan avait fait comme s'il ne l'avait pas vu. Ils n'avaient rien fait pour venir le voir et Lex n'avait rien fait dans ce sens non plus. Lex n'avait besoin qu'ils lui rappellent ce qu'il pensait de lui, il ne le savait que trop bien maintenant. Le geste de Martha n'avait été qu'un relent de politesse.

Lex essaya de chasser ses sombres pensées quand la cérémonie commença. Sans le moindre succès avant que Clark ne monte sur l'estrade à son tour. Pendant quelques instants, il ne pensa qu'à la fierté qu'il ressentait de voir son meilleur ami recevoir son diplôme. C'était une page qui se tournait. Il espérait que cela serait vrai à plus d'un propos.

Puis quelques derniers mots furent adressés à la foule de parents et d'amis par le recteur avant que la foule ne disperse. Clark rejoignit ses parents. Lex ne le verrait que très peu durant les deux prochains mois. Ensuite Clark reviendrait à Metropolis, que ce soit pour travailler au Daily Planet ou à la LexCorp.

Lex observa Clark échanger quelques mots avec ses parents, puis le visage de Jonathan se ferma et le tout nouveau diplômé de l'Université de Metropolis se dirigea vers lui, un grand sourire aux lèvres. Clark fit d'abord le tour de tous les employés de la LexCorp avant d'arriver jusqu'à lui.
"Félicitations Clark."
"Merci Lex." répondit Clark.
"C'était une très jolie cérémonie."
"Tu n'en penses pas un mot."
"C'est vrai, mais c'est ce qu'on dit en temps normal, non ?" sourit Lex.
"Peut-être, je ne sais pas."
"Quoi qu'il en soit, tu ne devrais pas faire attendre tes parents."
Clark roula des yeux.
"Tu es si pressé de te débarrasser de moi ?" demanda-t-il.
"Absolument pas."
"Mes parents m'auront tout l'été de toutes façons, ils peuvent bien attendre un peu."
A ces mots, Lex se rembrunît, Clark le vit immédiatement.
"Ne t'inquiète pas. Tu as mon numéro cette fois." plaisanta Clark.
"Oui, en effet." répondit Lex d'une voix complètement indifférente.
"Je serais de retour fin Août. Tu passeras à Smallville, n'est-ce pas ?"
Lex soupira.
"Bien sûr que oui."
"Et il faudra bien que je repasse à la Tour pour signer le contrat d'embauche, n'est-ce pas ?"
Lex manqua un battement de coeur.
"Plait-il ?"
"Tu ne m'avais pas proposé un poste de recherche au sein de la LexCorp ?" demanda Clark innocemment."Et bien, je vais peut-être accepter l'offre du Daily..."
"Ne dis pas de bêtises. Tu sais bien que oui. Je ne pensais pas... que tu te déciderais aussi vite."
"Ou que je choisirais la LexCorp, n'est-ce pas ?" demanda Clark.
Lex ne répondit rien, ce n'était pas la peine.
"J'ai décidé de suivre ton exemple. Tu as réussi à suivre ta propre voie, sans pour autant tirer un trait sur la relation que tu as avec ton père. Je devrais pouvoir la même chose, n'est-ce pas ?"
La situation entre les Kent et les Luthor était un peu différente. Lex n'avait pas eu l'affection de son père à perdre. Il n'avait pas mis sa relation avec son père en jeu, il n'en avait pas à l'époque. Il ne contredit pas Clark pour autant. Tout ça était trop beau pour y croire. Mais il n'était pas assez fou ou assez noble pour expliquer ça à Clark. Il ne tenait pas à lui donner une raison de changer d'avis.

"Et puis", ajouta Clark, "Je ne tiens pas à devenir un vieil homme aigri parce qu'il n'aura pas fait le métier qu'il aime."
"Je ne t'imagine pas aigri, Clark."
"J'espère bien." sourit Clark. "Il faut que j'y aille. Je t'appelle quand j'arrive à Smallville d'accord ?"
"Ok. Clark si jamais..."Si jamais cela se passait mal, si jamais ses parents prenaient la chose trop mal, si jamais Smallville devenait trop étouffant pour lui... "Tu sais que je suis là, n'est-ce pas ?"
"Depuis le temps que tu me le répètes, Lex, je crois que je le sais."
"Ca n'a pas perdu de sa valeur."
"Je sais."
Clark s'offrit le luxe de serrer le PDG de la LexCorp dans ses bras avant de rejoindre ses parents. Lex le regarda partir avant de se retourner vers Enrique.

"Est-ce qu'il a dit ce que je crois avoir compris qu'il ait dit ?"
Enrique sourit en pensant à ce que serait la réaction de son maître quand Clark lui demanderait un rendez-vous. Il ne doutait pas que cela arriverait un jour ou l'autre. Le plus tôt serait le mieux.
"Oui monsieur. Il a accepté le poste que vous lui proposiez."
Lex se tourna vers Gardner.
"Hey, Gardner vous avez entendu ? Vous ne partirez pas tout de suite à la retraite."
"Oui, j'ai entendu." répondit Gardner en soulignant."J'étais juste là."
"Très bien, très bien. C'est une victoire qui se fête. Kent 0, Luthor 1 ! Il faut que je prévienne mon père que son cadeau ne sera pas nécessaire après tout."
Enrique leva un sourcil interrogateur, tout comme Mercy. Leur patron parlait un peu trop tout à coup.
"Nous serons mieux à l'intérieur des Tours pour fêter ça."
Lex dégrisa immédiatement. Les effets Clark Kent n'étaient pas tous plaisants. Un peu de la retenue des Luthor était toujours nécessaire. Surtout quand on parlait du cadeau meurtrier de son père.
"En combien de temps croyez-vous que Kate peut nous préparer une petite fête ? Clark n'a pas besoin d'être là pour que nous fêtions son diplôme."
Mercy avait déjà décroché son téléphone.
"Le temps que l'on arrive suffira."


Lex avait passé un premier mois délicieux. Son sentiment de victoire ne s'était pas estompé, au contraire. Il avait bien craint que Clark ne revienne sur sa décision quand il avait appris qu'après deux semaines à Smallville, il n'avait rien annoncé de sa décision de ne pas accepter l'offre du Daily Planet.

Mais le coup de téléphone, hargneux, la troisième semaine de Martha Kent lui apprit que Clark s'était enfin décidé. Et qu'il avait tenu bon. Il avait tout de suite appelé son meilleur ami pour savoir comment cela s'était passé. En fait, ce n'avait pas été vraiment 'tout de suite'. Il avait fallu qu'il se calme un peu pour éviter d'avoir l'air trop avide de détails à propos de la défaite des Kent. Lex aurait donné n'importe quoi pour avoir une vidéo de cette scène.

Depuis l'annonce initiale, le climat était légèrement tendu à la ferme. Lex avait proposé à Clark de passer à Smallville pour quelques jours mais il avait refusé, parce qu'il n'était pas nécessaire de mettre de l'huile sur le feu en venant narguer ses parents. Lex pensait pourtant en avoir le droit après sept ans d'attente.
"Plus tard, quand ils se seront faits à l'idée, tu pourras les narguer si tu veux."
"En organisant une petite fête au Manoir pour fêter la nouvelle recrue de mon équipe de recherche ? Je pourrais même inviter tout Smallville."
"Si tu veux." rit Clark, que l'idée amusait.
Lex n'insista pas. S'il avait la fête, il ne viendrait pas à Smallville avant la fin de l'été. Une jolie fête pour que tout le monde apprenne qu'il avait gagné. Lex Luthor avait gagné.

Son père était très fier de lui. Il le lui avait dit, en venant en personne le féliciter.
"Bien joué fils, je suppose que cela veut dire que l'un de nous restera du bon côté de la loi."
"Merci, père. Mais je n'ai jamais douté que j'arriverais à ce résultat avec mes propres méthodes."
Lionel, par courtoisie, s'était retenu de ricaner. Son fils doutait toujours quand il s'agissait du jeune Clark Kent.
"Quand revient-il à Metropolis ?"
"Dans trois ou quatre semaines."
"Ce qui veut dire que je vais devoir encore supporter quatre déjeuners en ta seule compagnie. Quelle idée a-t-il de rentrer l'été..."
"L'envie de revoir sa famille, peut-être." avait avancé Lex.
"Quel concept étrange..." avait fait Lionel à moitié sérieux.

Lionel ne s'était pas attardé après ça. Il avait encore quelques vies à piétiner avant le déjeuner. Il n'avait pas de temps à perdre.

Lex savait que les Kent feraient tout pour faire changer leur fils d'avis, mais il ne s'inquiétait pas trop. Clark lui avait parlé de quatre violentes disputes déjà. Ses coups de téléphone quotidiens évitaient que la résolution de Clark faiblisse. Au besoin, si Lex avait senti le moindre petit doute, il aurait été directement à Smallville pour parler à Clark en détails du dernier projet de l'équipe de Gardner.

Il n'en avait pas encore eu besoin, mais sait-on jamais. Peut-être devrait-il faire signer le contrat à Clark dès maintenant.

Lex décrocha le téléphone et fit appelé le numéro dans la première mémoire. Etrangement personne ne répondit. Clark avait pourtant toujours son portable sur lui et il savait à quelle heure Lex appelait. Il laissa un message sur le portable de Clark. Une heure plus tard, Clark ne l'avait toujours pas rappelé. Il appela une nouvelle fois et retomba sur le répondeur. Il laissa un nouveau message. Une demi-heure plus tard, son téléphone sonna enfin.

"Clark ?"
"Hi Lex."
Lex comprit immédiatement que quelque chose n'allait pas. Clark avait une voix fatiguée, il manquait de l'entrain qu'il avait d'habitude quand il l'appelait.
"Qu'est-ce qu'il y a, Clark ? Que s'est-il passé ?"
"Tout est de ma faute. Tout est de ma faute. J'aurais du m'en douter mais je me suis obstiné et maintenant il est à l'hôpital !"
"Qui est à l'hôpital ?"
"Il aurait pu mourir ! Et ça aurait été de ma faute."
"Qui, Clark ?"
"Mon père. Il a fait une crise cardiaque."
Oh. Lex appuya sur le bouton 'Urgence Enrique' tout en continuant à parler.
"Je peux faire venir des médecins de Metropolis en mois de deux heures."
"Ce n'est pas la peine, il s'est réveillé... Mais c'est de ma faute, Lex."
"Clark, je ne vois pas comment une crise cardiaque pourrait être de ta faute."
"On se disputait, il est devenu rouge de rage et j'ai continué à crier et lui aussi et tout à coup il s'est arrêté en plein milieu d'une phrase en portant une main à sa poitrine. J'avais tellement peur..."

Enrique entra à ce moment dans le bureau et Lex à force de gesticulations lui fit comprendre qu'il voulait un hélicoptère pour Smallville et qu'il le voulait hier. Enrique sortit immédiatement de la pièce. Il n'y aurait plus de pilotes à cette heure. Mais il y avait encore lui et Mercy, et tout deux avaient leur brevet. Il laissa Mercy à la porte du bureau de leur boss et lui monta sur le toit préparer le décollage. Dès que Lex aurait raccroché, il se précipiterait ici. En effet, cinq minutes plus tard, Lex Luthor et son garde du corps étaient sur le toit de la Tour LexCorp et couraient jusqu'à l'hélicoptère.


Clark n'était sorti que quelques minutes pour appeler Lex avant de retourner rapidement au chevet de son père. Il n'avait jamais été aussi conscient de l'âge de ses parents. Malgré les paroles de Lex, il était rongé par la culpabilité. S'il n'avait pas voulu intégrer la LexCorp... s'il avait essayé de calmer le jeu au lieu de ne faire qu'augmenter la colère de son père durant cette dernière dispute...
"Ce n'est pas de ta faute, fils."
"Je... Je suis désolé..."
"Ce n'est pas de ta faute." Jonathan posa une main sur l'épaule de Clark. "Tout ça ne serait jamais arrivé si ce maudit Luthor n'était pas entré dans nos vies..."
Clark tressaillit.
"Lex n'était pas là. Tu ne peux pas..."
"S'il n'avait pas essayé de te détourner du droit chemin..."
"Lex n'a pas..."Clark s'arrêta net. "Papa, je ne crois pas qu'il soit très sage de parler de Lex maintenant. Tu dois te reposer."
"Il faut pourtant que quelqu'un le dise, puisque tu ne sembles pas le voir de toi même."
"C'est mon meilleur ami. Il veut s'assurer que..."
"Nous sommes tes parents !" La machine reliée à Jonathan s'affola un peu.
"Papa ! Il sera toujours temps de parler de ça plus tard, tu ne crois pas ? A moins que tu ne tiennes vraiment à refaire une crise cardiaque si rapidement."
"Très bien. Mais le sujet n'est pas clos."
"Il ne l'est jamais." murmura Clark, défait.

Martha revint dans la chambre un café à la main. Elle n'avait pas l'air très heureuse. Elle avait l'air en colère.
"Clark, tu l'as appelé ?"
Clark hocha la tête.
"Alors ce doit être lui qui a fait crissé ses pneus sur le parking de l'hôpital."
Le visage de Jonathan se ferma à nouveau.
"Qu'est-ce qu'il vient faire ici ?!"
"Tu avais vraiment besoin de l'appeler ?" demanda sa mère. "Tu ne crois pas qu'il en a déjà assez fait comme ça ? Tu crois que ça va aider ton père..."
"Arrêtez. Maman je pensais que tu étais suffisamment intelligente pour ne pas commencer à te disputer dans une chambre d'hôpital. Tu sais que papa a besoin de calme."
"Ce n'est pas Lex Luthor qui m'amènera le calme. Regarde comme tu parles à ta mère !"

Clark se leva et sortit de la chambre sans ajouter un mot. Quoi qu'il puisse dire, cela ne ferait qu'empirer les choses. L'époque où ses parents étaient encore prêts à donner le bénéfice du doute à Lex était révolue depuis des années. Lex était là dans le couloir, Mercy et Enrique un peu en retrait. Clark sourit faiblement en le voyant venir vers lui.

Lex ne dit rien quand Clark le serra dans ses bras. Cela faisait une éternité qu'il ne disait plus rien, et si c'était ce dont Clark avait besoin, il l'aurait.
"Je suis content que tu sois là... Tu peux pas savoir..."
"Ca va aller. Je te promets, que tout ira bien."


Lex ne fut pas confronté parents Kent avant le jour suivant. Il était resté avec Clark à l'hôpital avant de rentrer au Manoir pour dormir quelques heures et régler quelques affaires de la LexCorp qu'il avait quitté un peu précipitamment. Quand il revint, Martha Kent était assise dans le couloir, un café à la main, elle n'avait pas l'air d'avoir beaucoup dormi. Il n'était pas sûr d'avoir envie de lui parler, mais elle le vit avant qu'il n'ait pu faire demi-tour. Elle se leva, furieuse.
"Vous !"
"Madame Kent. Je suis désolé que nous nous revoyions dans de telles circonstances."
"La faute à qui ? Sans vous mon mari ne serait pas à l'hôpital ! Je ne vous laisserais pas briser ma famille."
"Je ne cherche pas à briser votre famille."
"Ah oui ? Alors laissez Clark tranquille !"
"C'est mon meilleur ami."
"Comme si c'était son amitié que vous vouliez ! Je connais les gens comme vous, Luthor."
"J'ai une très grande estime pour Clark. Son amitié m'est très précieuse."
"Si n'aviez pas essayer de le détourner de nous..."
"Ce n'est ni la faute de Clark, ni la mienne si votre mari a eu une crise cardiaque. Si vous cherchez des coupables, regardez du côté de ce qu'il boit et de ce qu'il mange, et de ses antécédents familiaux. Je vais vous dire comment je vois les choses, madame Kent, s'il n'y avait pas eu cette dispute, votre mari aurait pu faire cette crise pendant qu'il était seul quelque part dans la ferme et il en serait mort. Maintenant il sera qu'il faut faire plus attention à son coeur et cela évitera un drame."
"Vous vous réjouissez..."
"Ne déformez pas mes propos ! Si vous êtes trop stupide pour voir la vérité en face, ce n'est pas mon problème."
"Vous n'avez rien à faire avec Clark. Retournez à Metropolis à votre vie de débauche et laissez mon fils tranquille."
"Que je le laisse tranquille ? Et vous quand est-ce que vous le laisserez tranquilles ? Quand est-ce que vous le laisserez faire ses propres choix ? Vous savez dans quel état ça l'a mis de voir rejetez toutes ses petites amies ? Vous en avez une idée ?"
"Je suis sa mère, je suis là pour l'aider à faire ses choix."
"Mais pas pour le contraindre à faire ce que vous voulez qu'il fasse. Vous savez parfaitement que le journalisme n'est pas ce qu'il veut. Mais vous n'en avez rien à faire, n'est-ce pas ?"
"Cet emploi n'est qu'une nouvelle façon pour vous de l'éloigner de nous, si vous croyez que je ne vois pas clair dans votre jeu."
"Et je vois très clair dans le votre aussi, madame. N'essayez pas une nouvelle fois de culpabiliser Clark pour le pousser à accepter ce poste au Planet. Je ne vous laisserai pas faire, croyez moi. Je ne le laisserai pas gâcher sa vie parce que vous et votre mari êtes complètement aveuglés par vos préjugés."

"On vous entend depuis l'autre bout de l'étage." fit Clark, arrivé sans qu'ils s'en aperçoivent.
"Clark ! Tu as raison mon chéri, je me suis laissée emporter. Si nous allions voir si ton père est réveillé ?"
"Maman, ne fais pas ça. Ca ne changera rien."
"Faire quoi, Clark ?"
"Tu le sais très bien. Ne rejette pas la faute sur Lex. Ne fais pas comme s'il n'était pas là. Il est venu de Metropolis, il a tout laissé pour venir. Il n'était pas obligé. Il l'a fait parce qu'il est mon ami. Tu n'as jamais traité Chloé et les autres comme ça."
"Parce que Chloé et tes autres amis n'ont jamais essayés..."
"On verra pour les accusations plus tard, d'accord ? Le plus important c'est papa pour l'instant, non ?"
"Bien sûr, Clark, bien sûr." acquiesça sa mère.
"Vas-y, je te rejoints dans une minute."
Martha se mordit les lèvres pour ne pas dire quelque chose qui aurait inévitablement entraîné une nouvelle dispute et tourna les talons.

Clark se tourna vers Lex.
"Lex, retourne à Metropolis. S'il te plait."
"Clark..."
"S'il te plait Lex. Cela vaut mieux pour tout le monde. Mes parents ne se calmeront pas tant que tu seras à Smallville."
"Est-ce que tu reviendras à Metropolis signer le contrat ?"
Le contrat signifiait beaucoup de choses. Il n'était pas question là seulement du poste offert par la LexCorp.
"Sans doute."
"Sans doute ? Clark, je ne veux pas d'un sans doute. J'en ai assez de devoir toujours me contenter de 'peut-être' et de 'sans doute'. Cela fait trop longtemps qu'on se connaît pour que tu continues à me faire ça."
"Lex, mon père est à l'hôpital !"
"Tu crois que je ne le sais pas ? Ce que je vois c'est que tes parents vont en profiter pour te faire changer d'avis. Je pourrais écrire un livre sur ce genre de tactiques. Ce sont des classiques du genre."
"Mes parents ne sont pas comme ça."
"Ah non ? Ouvre les yeux, bon sang ! Ils ont toujours fait ça."
"Lex, s'il te plait... tais-toi."

Ils restèrent silencieux un moment. Lex savait que Clark était au bord des larmes, mais cette fois, il n'y ferait rien. Il ne pouvait plus. S'il se rétractait maintenant, il n'était pas sûr de ne pas craquer à son tour.
"Je rentre à Metropolis, puisque c'est ce que tu veux."
"Ce n'est pas ce que je veux."
"Mais ce que tu veux n'a aucune importance puisque c'est la volonté de tes parents qui prime."
"Lex..."
"Je ne crois pas que je pourrais supporter d'arriver deuxième une fois de plus, Clark."

Lex quitta l'hôpital sans que Clark ne fasse rien pour le retenir ou lui assurer qu'il ne serait pas second cette fois. Devant le masque froid de leur patron, ni Mercy ni Enrique ne posa de question. Il n'y avait rien qu'ils puissent dire.


Lex venait de passer une très mauvaise semaine. Comme il était autorisé à être triste plutôt qu'en colère, il n'avait pas usé trop de ses employés. Il n'avait renvoyé personne. Il était apathique. Il suivait l'emploi du temps que Enrique ou Kate ou quelqu'un d'autre lui imposait. Puis il rentrait et dormait jusqu'à la prochaine journée.

Le téléphone sonna alors qu'il était occupé à ne pas lire le dossier devant lui. C'était les résultats d'examens de Jonathan Kent. Il avait essayé de savoir si cette soudaine et bien tombée crise cardiaque était vraiment naturelle. Il aurait très bien vu Martha Kent drogué son mari pour convaincre son fils.
C'était dire à quel point Lex était désespéré.
Il n'avait rien trouvé bien sûr. Mais cela ne l'avait pas empêché de continuer de chercher. Il ne voyait rien d'autre pour ramener Clark. Clark, qui ne l'avait pas appelé depuis qu'il avait quitté Smallville.

Le téléphone sonnait toujours. Un coup d'oeil sur l'identificateur d'appel lui apprit qu'il s'agissait de Clark. Il n'avait pas envie de décrocher. Il ne voulait pas que ses doutes se transforment en certitudes si cela devait lui enlever Clark. Le téléphone sonnait toujours. Clark semblait déterminé à lui parler.

Lex soupira. Autant régler ça une bonne fois pour toute. Il se décida à décrocher le téléphone.
"Lex Luthor."
"Salut Lex. C'est moi."
"Clark, ça fait quelques temps déjà. Comment tu vas ?"
"Bien, mais ça pourrait aller mieux."
Lex n'avait aucune envie de compatir.
"Et ton père."
"Il va mieux. Il ne pourra pas travailler à la ferme avant quelques temps, mais ça va aller."
"Tant mieux."
Un silence suivit.
"Lex..."
"Clark, si tu dois me dire quelque chose, fais le vite. Abrège le supplice. S'il te plait."
"Supplice ?"
"Tu sais très bien ce que je veux dire."
"Ils ne me laissent pas le choix, Lex."
"Tu signes pour le Planet quand ?"
"Demain matin."
"Je vois. Je suis sûr que tu as plein de choses à faire pour préparer ton départ. Je ne vais pas te déranger plus longtemps. Si tu veux me voir quand tu seras à Metropolis, appelle moi."
"Lex... Attends."
"Attendre, Clark ? C'est ce que je fais depuis trop longtemps."
"Je sais. Je suis désolé."
"Il y a un moment où les excuses ne font plus rien."
"Lex, écoute moi jusqu'au bout."
Il ne répondit rien.
"Je n'ai pas accepté leur offre initiale. J'ai obtenu quelques changements."
"C'est à dire ?"
"Je ne travaillerais que deux jours par semaine pour eux."
"Et Perry White a accepté ça ?"
"J'ai été convainquant. Je lui ai dit que c'était pour rassurer mes parents. Parce que mon but était de devenir écrivain."
"Il a et avalé ça et accepté ?"
"Oui. Je serais une sorte d'assistant pour un de ses journalistes."
"Tu sais que de n'importe qui d'autres, je n'accepterais pas ça."
"Je sais. Mais ça n'a rien à voir avec de l'amitié, n'est-ce pas ? En venant trois jours par semaine à la LexCorp je te rapporterais plus que quelqu'un d'autres qui serait là à plein temps."
"Tu ne doutes pas de toi."
"J'ai appris du meilleur."
"Et la flatterie en plus." Lex se mit à sourire.
"Je ne parlais pas de toi mais du professeur Gardner."
"Oh oui... C'est vrai. Ce cher professeur Gardner."
"Tu es d'accord ?"
"Tu te rends compte du nombre de gens à qui tu vas mentir ? A commencer par tes parents."
"Je sais."
"Tu pourras le supporter ?"
"Je n'ai pas le choix."
Si, il avait le choix. Le problème était qu'il voulait ménager trop de monde à la fois.
"Très bien, passe ici quand tu en auras fini au Planet."
"Ok."
"Tu m'as manqué Clark."
"Toi aussi tu m'as manqué."

suite