5 - Trust

Clark s'assit face à ses parents, se demandant ce qui allait encore lui tomber sur la tête. Que s'était-il donc passé ? Ils avaient l'air tellement graves.

"Il y a un problème ?"

Son père le regarda plus durement qu'il ne l'avait jamais regardé.

"Oui Clark, il y a un problème."

Clark n'était pas sûr de la réaction de son père s'il demandait quel était le problème. Il préféra attendre qu'il continue de s'expliquer.

"Alors Clark, tu n'as rien à nous dire ? Peut-être sans mentir cette fois ?"
"De quoi est-ce que tu parles ? Quel est le problème ?"
"Tu veux jouer les ignorants, libre à toi. Je vais poser les questions alors et ne me mens pas, Clark."

Clark se tourna vers sa mère pour qu'elle lui explique, mais elle détourna le regard.

"Alors Clark depuis combien de temps est-ce que ça dure ?"
"Mais quoi ? P'pa si tu t'expliquais..."

Jonathan frappa son poing contre la table. On n'entendait pas une mouche volée.

"Tais toi, Clark. Si c'est pour mentir ou nier tais-toi. Je veux parler..." le visage de Jonathan Kent se tordit de dégoût "de ta sordide petite histoire avec Luthor."
"Ma quoi ?!"
"Depuis combien de temps cela dure ? Comment peux-tu ?! C'est un homme et un Luthor !"

Clark était trop choqué pour répondre.

"Toute la ville en parle. Quand je pense qu'il était assis à notre table ce matin ! Vous avez du bien rire ! Mais c'est fini, ça, Clark ! Pas étonnant que Pete... Qu'est-ce qu'il te donne en échange ? Comment il te paye pour... mon propre fils qui se... avec un Luthor !"

Martha refusait toujours de regarder son fils. Et Jonathan... oh il le regardait. Mais Clark aurait préféré qu'il n'en fasse rien.

"Arrêtez." demanda-t-il alors que ses yeux commençaient à se brouiller. "S'il vous plait, taisez-vous."
"Pourquoi Clark ? Tu commences à réaliser l'étendue de tes erreurs ? Il faut bien que quelqu'un te montre ce que tu es devenu ?"
"La pauvre Karen..." c'était la voix de sa mère et Clark la regarda à travers ses larmes."Ce n'était pas juste pour elle... elle ne méritait pas ça... Clark... je sais que tu n'as pas fait ça pour de l'argent mais... Lex ne pourra jamais t'aimer."
"Si tu crois ça, tu es aveugle. Les Luthor n'aiment personne à par eux-mêmes. Quand il t'aura utilisé il t'abandonnera et tu n'auras plus rien."

Clark se leva, incapable d'en entendre plus.

"Je n'ai jamais couché avec Lex. Lex est mon ami et c'est tout." dit-il avant de s'enfuir à très grande vitesse.

Clark se retrouva devant le manoir avant même d'avoir pris conscience qu'il fallait qu'il décide d'une destination. Après tout, pourquoi pas ? Le lieu était approprié. Il frappa à la porte. Enrique lui ouvrit et le voyant dans cet état pitoyable, les yeux rouges et ses vêtements froissés par sa course, son bras toujours plâtré, le laissa entrer sans mot dire et le conduisit au salon. Clark se laissa tomber sur un canapé et arrêta de penser.


Lex était dans sa limousine avec son père. Ils venaient de quitter l'usine et prévoyaient de déjeuner en ville. Lex était étonné de voir son père ainsi. C'est vrai que depuis quelques temps, Lionel était plus... moins Lionel que d'habitude. Cela pouvait cacher quelque chose mais il avait envie de croire qu'il n'en était rien. Et il s'était apparemment pris d'affection pour Clark... enfin d'affection... il fallait le dire vite. Mais que son père le tolère et l'aide à régler le problème à l'usine était déjà plus qu'on ne pouvait en espérer.

Le portable de Lex sonna et il décrocha aussitôt.

"Lex Luthor... Oh Enrique... QUOI ? Il est où ? Qu'est-ce qui s'est passé ?!... J'arrive tout de suite."

Il raccrocha et ordonna au chauffeur de se rendre au Manoir.

"Un problème, fils ?"

Lex hésita. Il ne voulait pas donner d'armes à son père contre lui. Il devrait en toute logique ne rien dire. C'était le plus sage. Mais son père n'avait jamais été aussi... paternel que ce jour là, alors il avait envie de tenter sa chance.

"Clark. Il est au manoir."
"Et c'est un problème depuis quand ?" demanda Lionel d'un air entendu.
"Père, s'il vous plait, cessez les sous-entendus. Il n'y a rien d'autres que de l'amitié entre moi et Clark Kent."
"Oh très bien... Pourquoi est-il au Manoir ?"
"Je ne sais pas. Enrique n'a pas pu me le dire."
"Tans pis pour notre déjeuner alors, je suppose."


Lex retrouva son meilleur ami sur le canapé qui était dans son bureau. Il ne pleurait plus mais ces yeux étaient rouges. Lex s'assit à côté de lui. Son père lui avait dit qu'il se retirait dans sa chambre. Trop attentionné de sa part. Clark ne réagissait pas, Lex n'était pas sûr qu'il sache qu'il soit là. Il toucha son bras et le fit sursauter.

Clark tourna la tête vers lui et recommença à pleurer, les bras autour de son cou cette fois. Lex n'était pas quelqu'un qui aimait les contacts : il avait son espace vital et quiconque y pénétrait sans invitation n'en ressortait pas indemne Mais pour Clark il avait toujours fait une exception. Alors il ne dit rien, ne menaça pas et referma ses bras autour de lui.

Lex attendait patiemment que Clark soit prêt à parler. Clark n'était pas vraiment le genre à s'effondrer de la sorte. S'il était dans cet état, cela ne pouvait vouloir dire qu'une seule chose... il était arrivé quelque chose à l'un ou l'autre de ses parents. Lex traçait des cercles dans le dos de Clark, il avait lu quelque part que cela calmait. Il fallut dix minutes à Clark pour se calmer et arrêter ses sanglots. Il en fallut cinq de plus pour qu'il réussisse à relever la tête vers lui et à parler.

"Ce sont... mes parents..."

Lex s'en doutait déjà mais le laissa continuer.

"... il y a ses rumeurs en ville..."

Lex ferma les yeux. Il n'avait pas été assez rapide.

"Sur notre relation ?"

Clark hocha la tête.

"Je suis désolé Clark."
"Tu n'y es pour rien... Ce n'est pas de ta faute si les habitants de Smallville sont les pires langues de vipère."
"J'aurais du..."
"Lex... ce n'est pas ta faute..." l'interrompit Clark, le regardant sérieusement dans les yeux. "Quand je suis rentré, ils m'attendaient... Ils n'ont même pas attendu de connaître ma version de l'histoire... Et ils ont dit toutes ses choses horribles..."

Des larmes recommencèrent à couler derrière les paupières de Clark, roulant sur ses joues. Lex le serra un peu plus contre lui. Il n'était pas vraiment doué pour consoler les gens.

"Shhh Clark, ça va aller... Ils finiront bien par comprendre... Je te promets que tout va s'arranger."

Et Lex l'espérait vraiment parce qu'il n'aimait pas faire des promesses qu'il ne tenait pas. Surtout pas à Clark.

"Ils n'avaient jamais douté de moi comme ça avant." Clark eut un hoquet amer."Ils ne doutaient même pas en fait, ils étaient sûrs... Même maman... enfin elle, elle ne croyait pas que c'était pour de l'argent."
"Oh Clark..."

Lex continua de bercer Clark, l'écoutant et le réconfortant du mieux qu'il pouvait. Il finit par s'endormir d'épuisement environ une heure plus tard. Il attendit encore quelques minutes supplémentaires avant de se dégager. Il étendit Clark le plus confortablement possible sur le canapé et le couvrit d'une blanquette étendue là. Il prit les clés de sa Porsche et voulut partir directement mais son père, sans doute prévenu par un des serviteurs l'arrêta.

"Où vas-tu Lex ?"
"Chez les Kent." répondit Lex, sans hésitation.
"Es-tu sûr que ce soit une bonne idée. Les Kent ont un tempérament... assez volatiles."
"Tu as tout entendu ?"

Lionel émit un rire méprisant.

"Je t'en prie, je n'ai pas besoin de t'espionner. Je ne suis pas un imbécile, il suffisait d'additionner deux plus deux. Je veillerais sur lui pendant ton absence."
"Trop aimable. Laisse-le se reposer. Il en a besoin."
"Tu es sûr de ne pas vouloir reconsidérer..."
"A plus tard, père."

Lionel regarda son fils partir, espérant qu'il savait ce qu'il faisait. Jonathan Kent n'aimait pas les Luthor, alors si en plus il pensait que l'un d'eux s'en était pris à son fils, le résultat ne serait pas beau à voir.


Lex prit un soin tout particulier à faire crisser les pneus de sa voiture dans le chemin qui menait chez les Kent. Ces deux imbéciles avaient blessé Clark et rayer du tableau l'espoir qu'avait Lex de voir la relation qu'il avait avec leur fils se transformer. Leur réaction avait été si extrême dans l'esprit de Clark qu'il ne considérerait jamais comme possible la moindre relation amoureuse si ce n'est avec un homme, au moins avec lui. Lex connaissait suffisamment bien son meilleur ami pour savoir que sa relation avec ses parents était une des choses les plus importantes pour lui. Souvent, Lex l'avait envié. Mais pas cette fois.

La porte de la maison s'ouvrit à la volée au moment où s'arrêtait devant elle. Jonathan Kent en sortir visiblement furieux. Dieu merci, il n'avait pas de fusil à la main. Lex nota en sortant de la voiture que le fusil en question était en fait posé à quelques mètres de là sous la véranda. Mais Lex était bien trop furieux lui même pour s'en inquiéter.

"Luthor ! Vous ne croyez pas avoir déjà fait assez de mal comme ça ?! Sale petite ordure ! C'est un gamin, qu'est-ce que vous lui avez raconté ?!"
"Taisez-vous ! Vous ne vous rendez pas compte que ce n'est qu'un tas de conneries ?! J'espère que vous allez bientôt connecter vos deux pauvres neurones parce que vous êtes vraiment trop con comme ça ! Vous connaissez si mal votre fils que ça ?! Vous savez ce qu'il fait là ? Il est entrain de dormir parce qu'il a pleuré jusqu'à l'épuisement. Je parle de Clark là ! Comment avez pu dire choses pareilles à votre fils ! C'est le genre de comportements qu'on pourrait attendre de mon père, mais pas des Kent. En tout cas, je ne le pensais pas, et Clark non plus apparemment, parce qu'il n'a pas encaissé ! Et vous savez aussi bien que moi à quel point Clark peut être..."
"Tu ne sais rien du tout Luthor ! Tu voudrais qu'on prenne comment que notre fils est non seulement pédé mais qu'en prime il couche avec un putain de Luthor !"

Lex vit rouge à nouveau, autant devant la stupidité auditive qu'homophobique de Kent père.

"En quelle langue je dois vous le dire pour que vous compreniez que Clark est mon ami rien de plus ! Vous êtes sourd ou quoi ?!"
"Ce sont des mensonges de Luthor !! "
"Vous accordez si peu crédit à votre fils que ça, Monsieur Kent ?! Je croyais que la confiance était tout pour vous ? Tout à coup vous ne faites plus confiance à Clark parce qu'il y a des rumeurs en ville ? Vous ne croyez pas que Clark vous aurait parlé de ce genre de choses ?! Les Kent se confient toutes les choses qui comptent. Enfin je le croyais. Quand vous aurez décidé de faire fonctionner vous deux neurones atrophiés de paysan buté, faites-nous signe. Clark est au Manoir si ça vous intéresse."

Lex remonta dans sa voiture et repartit aussi vite qu'il était arrivé dans un nuage de poussière et un crissement de pneus. Mission accomplie.


Lex entra dans son bureau, là où il avait laissé Clark en partant, il trouva son père et le dit Clark en grande conversation autour d'une tasse de café, certainement à l'irlandaise pour son père. Lex ne s'était pas attendu à ce genre de choses... il savait que son père et Clark ne s'entendaient pas mal, mais il pensait qu'ils ne s'entendaient pas suffisamment bien discuter ensemble quand Lex n'était pas dans un lit d'hôpital. Mais son père n'avait cessé de le surprendre depuis quelques temps...

"Alors que faites-vous ?"
"Lex ! Tu as pu faire ce que tu voulais à l'usine ?" demanda son père.

Lex hocha la tête.

"Fils, tu ne m'avais jamais dit que Clark était brillant à ce point."

Lex passa du visage de l'un à l'autre sans trop comprendre. Lionel se tourna vers Clark, légèrement accusateur.

"Je n'arrive pas à croire que même mon fils n'était pas au courant !"

Clark rougit jusqu'aux oreilles.

"C'est juste qu'on ne parle pas trop des cours. C'est tout, et puis ça ne se fait pas de se vanter."

Lionel tendit une feuille à Lex. C'était le bulletin de notes de Clark pour ce trimestre. C'était impressionnant. Une rangée incroyable de A brisée uniquement par un B- en sport.

"Clark... je... Waouu... Je ne savais pas."

Clark sourit.

"Bah cette année, il n'y avait pas grand chose d'intéressant à faire à Smallville à part ses devoirs."

Lex comprenant le sous-entendu derrière la phrase anodine, sourit à son tour. Et Lionel secoua la tête. Ces deux là passaient leur temps à flirter, mais ils n'allaient jamais plus loin... et après le problème qui venait de se présenter avec les Kent, ils n'avanceraient jamais...

"Si jamais tu veux aller plus loin que le programme du lycée..."
"J'ai déjà commencer à aller un peu plus loin... quand on y réfléchit le programme du lycée est vraiment restreint... Tous les trucs marrants arrivent après."

Lex le regarda étrangement, se demandant ce qu'il avait pu rater d'autre de Clark depuis qu'il était à Metropolis.

"Tu as été jusqu'où ?"
"Oh je ne sais pas trop... j'ai vu ce qui m'intéressait."

Lex sourit à nouveau. Lionel avait bien remarqué que son fils ne souriait jamais qu'en présence de Clark Kent. Et qu'il le faisait assez souvent... Cela l'avait dérangé au début... mais trois ans et des résultats probants plus tard, il était inutile de faire cesser cette étrange relation qu'ils avaient.

"On verra ça une après midi, si tu veux."
"Ok ! J'adorerais ça !"

Lex se fit plus grave, et posa sa main sur le bras de Clark qui se retourna, sachant ce qui allait arriver.

"Clark, tu devrais peut-être appeler tes parents."

Cette fois, aucune larme n'apparut, et Lex en remercia la totalité du Panthéon grec. Il n'aimait pas voir Clark pleurer et il en avait eu assez pour plusieurs années rien que pour ce jour.

"Ils ne me croient pas... Ils ne veulent plus de moi..."
"Clark... ce n'était qu'un malentendu. Tu ne peux pas te séparer de ta famille à cause d'un malentendu... Clark, il faut que tu leur parles."
"Mais si... S'ils me..."
"Ne t'inquiète pas, ça n'arrivera pas. Je te le promets, d'accord ?"

Clark hocha la tête. "Je ne suis pas obligé d'y aller maintenant n'est-ce pas ?"

Lex soupira. "Non, bien sûr que non. Après manger si tu veux."

Clark se réconcilia avec ses parents en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. La nouvelle qui courait en ville, aidait certainement elle aussi. Jonathan Kent avait bien essayé de profiter de la situation pour faire voir à son fils les dangers de se compromettre avec les Luthor mais Clark n'avait rien voulu entendre. Lex était son ami, et il le resterait si les choses se passaient comme il l'entendait.

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