Chapitre 9

Clark sonna à la porte du manoir à 19 heures précises. Il fut surpris lorsque la porte s’ouvrit sur Lex lui-même. Devant le regard interrogateur de son ami, il lui précisa :
- J’ai donné leur soirée aux membres du personnel de maison. J’avais envie d’être seul avec toi. Ca ne te dérange pas, j’espère ? Demanda t’il d’un air inquiet.
- Pas le moins du monde. Au contraire.
- Alors, suis-moi.
Ils se rendirent dans un petit salon que Clark ne connaissait pas.
- Je n’étais jamais venu dans cette pièce.
- En fait, peu de personnes sont entrées ici. Même mon père n’y a jamais mis les pieds depuis que je vis à Smallville. Ca tient peut-être au fait que je possède la seule clé ! Et puis, c’est mon refuge. J’y viens quand je veux être tranquille.
- Je comprends.
Les murs étaient recouverts de tentures de velours bleu et jaune. Un sofa et un fauteuil recouverts eux aussi de velours se faisaient face. La pièce était seulement éclairée par le soleil couchant et les lueurs des bougies des deux chandeliers qui trônaient sur la table dressée devant la fenêtre.
- C’est superbe, s’extasia Clark.
- Merci.
Alors que son ami s’asseyait sur le sofa, Lex s’installa dans le fauteuil. Clark n’arrivait pas à s’habituer au fait de voir que son ami, toujours si sûr de lui, paraissait si nerveux en sa présence.
- Lex, je voulais te demander quelque chose.
- Je t’écoute.
- Est-ce que… c’est la première fois que…
Les mots n’arrivaient pas à franchir les lèvres de Clark, mais Lex comprit ce qu’il voulait lui demander.
- Tu veux savoir si j’ai déjà aimé un homme, c’est ça ?
- Oui, souffla le jeune homme, soulagé que son ami ait deviné sa question.
- Et bien, la réponse est oui. Une fois. Il s’appelait Gabriel et c’était mon professeur particulier de sport. J’avais quinze ans et j’étais dingue de lui. Mais, je ne sais pas comment, mon père l’a appris et, du jour au lendemain, Gabriel a disparu de ma vie.
- Il… partageait tes sentiments ?
Lex eut un sourire triste.
- Il ne savait même pas ce que j’éprouvais pour lui. Je n’ai jamais trouvé le courage de le lui dire.
Et, je me demande encore comment j’ai trouvé celui de te parler, Clark…
- Après ça, j’ai eu quelques aventures féminines, mais rien de bien sérieux. Et, toi, Clark… Je suppose qu’il n’y a eu que Lana…
- Oui, répondit le jeune homme en baissant les yeux. Tu dois me trouver pathétique !
- Non ! Tu es jeune, c’est normal.
Un silence tendu s’installa entre les deux amis. Ce fut Lex qui le rompit en se levant et en proposant :
- Si nous passions à table ?
Clark le suivit et s’installa en face de lui. Une bouteille de vin était ouverte sur la table et Lex en servit à son ami.
- Je… ne bois pas d’alcool.
- Je sais, mais, ce soir, je veux que tu y goûtes. Ce sera un secret entre nous. Un de plus, sourit Lex.
- D’accord.
Clark goûta au vin qu’il trouva excellent.
- Je vois que tu apprécies. J’espère que tu aimeras le repas. Je l’ai préparé moi-même.
Devant le regard étonné de son ami, Lex ne put s’empêcher de rire.
- Ne me regardes pas comme si je venais d’une autre planète ! Je sais faire la cuisine !
- Je n’en doute pas. Tu arrives toujours à me surprendre, tu sais.
- Toi aussi. Il faut que je t’avoue quelque chose, continua Lex d’un air grave.
Clark sentit son cœur manquer un battement.
- Quand tu m’as avoué ton secret… je n’y ai pas cru pendant quelques secondes… puis, j’ai repensé à tout ce qui s’est passé depuis que l’on se connaît et j’ai su que tu disais la vérité. Mais, je dois te dire qu’il y a plein de questions qui se bousculent dans ma tête.
- Je peux essayer d’y répondre.
- Pas maintenant. Ca peut attendre… Par contre, j’ai une question à te poser… concernant Lana.
- Tu veux savoir ce qu’elle m’a dit tout à l’heure ?
Lex hocha la tête en silence.
- Elle m’a annoncé que Whitney va revenir. Il a quitté la Navy et a intégré l’Air Force.
- Il sera basé à Hometown ?
- Oui.
- Alors, ils vont rester ensemble ?
- Oui et, pour être honnête, j’en suis ravi et soulagé.
Lex lui lança un regard circonspect.
- Tu n’es pas déçu ?
- Pourquoi le serai-je, puisque je t’ai ?
- Tout à l’heure, sur le pont, tu m’as dit que tu l’aimerais toute ta vie, alors je ne peux m’empêcher d’avoir peur que tu retournes vers elle.
- Si ça devait arriver, ça voudrait dire que ça n’a pas marché entre nous, Lex. Mais, j’ai vraiment envie que ça fonctionne alors, s’il te plait, ne pense plus à Lana. Elle ne sera jamais un obstacle entre nous, je t’en donne ma parole.
- Merci.
Alors qu’ils attaquaient le dessert, Lex se leva et alla chercher un petit paquet dans un placard. Puis il revint s’asseoir et tendit le paquet à son ami.
- Qu’est-ce que c’est ? Demanda Clark, surpris.
- Un petit cadeau.
- Lex, il…
- Ouvre-le d’abord.
Son ami obéit et découvrit un téléphone portable dernier cri.
- C’est un cadeau intéressé, Clark. Avec ça, je pourrais t’appeler sans que tes parents ne se doutent de quelque chose.
- Merci, mais…
- Pas de mais. Je suis heureux de te faire ce cadeau.
- Comment vais-je le justifier auprès de mon père ? Si je lui dis que tu me l’as offert, il voudra que je te le rende.
- Tu n’auras qu’à dire que je te l’ai offert pour ton anniversaire. C’est bien la semaine prochaine, non ?
- Oui. Merci, souffla encore une fois le jeune homme.
- De rien, répondit son ami avec un sourire. Comme je te l’ai dit, ce cadeau est intéressé. J’ai déjà enregistré en mémoire le numéro de mon bureau et celui de mon portable. Tu pourras m’appeler quand tu voudras.
- Je vois que tu as déjà tout prévu !
- Non, pas tout…
Devant l’air sombre de son ami, Clark demanda doucement :
- Tu as peur, n’est-ce pas ?
Lex leva lentement les yeux vers lui et planta son regard dans celui de l’homme qu’il aimait.
- Je suis terrorisé. Je crois que je n’avais plus eu aussi peur depuis la mort de mère…
- J’ai aussi peur que toi.
Ils finirent leur repas en silence, puis retournèrent s’installer, Clark sur le sofa et Lex sur le fauteuil. Au bout de quelques minutes de silence, Lex se leva et vint s’asseoir à son tour sur le sofa, en prenant bien garde à éviter le moindre contact avec son ami.
- Au fait, comment vont tes côtes ?
- Ca fait encore un peu mal, mais ça va. Je crois que c’était une mauvaise idée…
- Quoi ?
- Ce dîner… J’ai peut-être voulu aller trop vite… Je ne sais plus quoi faire à présent…
- C’était une excellente idée, le contredit Clark. C’est seulement que la situation est… délicate… Je devrais peut-être rentrer chez moi, proposa t'il en espérant que Lex refuserait.
- Non ! S'il te plait, reste encore un peu. J'aimerais te montrer quelque chose.
Il se leva et se dirigea vers la porte. Clark le suivit, intrigué par l'air mystérieux de son ami.

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