Chapitre 4 : Tu ne me fera pas partir d’ici
Clark regardait le coucher de soleil du haut de sa tour. Il sentait que son
cœur allait exploser dans sa poitrine, tellement les événements
de ces deux derniers jours l’avaient bouleversé. Le jeune Kent
comptait les heures qui s’étendaient avant qu’il ne puisse
retourner au chevet de Lex. Il avait eu si peur de l’avoir perdu à
jamais lors de la nouvelle que Lionel Luthor lui avait apportée. Puis,
Lex lui avait avoué qu’il avait tenté de mettre fin à
ses jours. Comment le jeune milliardaire avait pu avoir si mal sans que son
meilleur ami ne s’en aperçoive ? « Tu parles d’un ami
! » pensa Clark. Sur cette pensée, il entendit Jonathan monter
les escaliers.
- Clark…comment vas-tu ?
- (Long soupir) j’ai eu si peur papa….comment peut-on avoir si peur
? Je…je n’ai pas su comprendre…
- De quoi parles-tu mon fils ?
- Non rien (sourire franc) je crois que je suis simplement encore un peu bouleversé
par les événements.
- Clark…j’ai eu un appel de la banque. On dirait que mes dettes
antérieures ont été effacées. (Regard concerné
et entendu).
- Papa…
- Je sais…ce n’est pas vraiment le meilleur moment pour en parler.
Je suis désolé Clark.
Jonathan se dirigea vers les escaliers et fut interpellé par son fils.
- Papa ?
- Oui mon garçon ?
- Merci.
Kent père sourit et sortit de la forteresse.
Clark s’étendit sur le canapé et son regard se perdit. Il se rappelait les mots que Lex lui avait dis. Jamais le jeune milliardaire ne lui avait paru aussi désespéré. Lex Luthor avait donc une conscience assez forte pour faire obstacle à ses propres instincts, ceux qui étaient profondément encrés dans ses gènes. « Et il a voulu me sauver de lui-même… » Clark croisa ses bras sur son torse, retenant ainsi le flot d’émotions, qui ne demandaient qu’à sortir brusquement de son corps. «Comment pensait-il que j’allais le prendre ? Ha génial, ce satané Luthor fils est enfin sortit de ma vie ! (Clark eu un sourire sec et ironique, puis il s’assombrit ) J’espère qu’il sait que je tiens à lui plus que tout…. » C’était vrai. Depuis qu’il était entré dans sa vie, leur amitié avait été difficile, chacun cachant une part de son passé. Or, pour rien au monde le jeune Kent ne se serait séparé de son ami. Ils avaient un univers qui n’appartenait qu’à eux. Personne d’autre ne le comprenait, personne d’autre ne pouvait l’atteindre. Lorsque les deux hommes se regardaient dans les yeux, on pouvait presque croire qu’ils communiquaient par la pensée. Clark pensa un moment que Lex n’était qu’un égoïste et qu’il aurait fini sa vie en égoïste s’il avait réussi son coup. Cette fois-ci, il ne l’aurait pas seulement impliqué (indirectement ou pas) dans une odieuse histoire, comme lors de quelques-unes de leurs aventures, il aurait détruit son univers.
* * * * * *
Lex regardait les nouvelles de cinq heures de son lit d’hôpital. On y parlait en primeur de l’infraction qui avait été commise chez les Luthor et de l’accident l’impliquant, qui lui avait presque coûté la vie. Luthor fils lâcha un long soupir et se perdit de nouveau dans ses pensées. Lorsqu’il avait dit la vérité à Clark sur les événements de la veille, celui-ci avait paru saisi d’une rage incontrôlable, comme si tout à coup, il avait eu à se battre pour préserver sa propre vie. Jamais Lex ne se serait permis d’imaginer une telle démonstration d’affection de la par de son ami, sauf s’il n’aurait eu à y assister lui-même. Aussi, le baiser sur le front que lui avait donné Clark avant de partir lui tournait sans-cesse dans la tête, comme un vieux film usé dont on ne peut se départir. Si tendre, si plein de tendresse. De mémoire, Lex ne pouvait se souvenir d’un tel baiser.
Or, il savait qu’il devrait réintégrer cette indéchiffrable
assurance devant Clark et devant les autres, seul moyen de reprendre sa vie
d’avant où il l’avait laissé. Car il ne connaissait
aucune autre vie que celle qui lui avait été imposée à
la naissance, aucune autre certitude de contrôler un tant soit peu ce
qui se passait autour pour ne pas être écrasé. S’il
revenait en faible, il perdrait à jamais sa crédibilité
auprès des gens de Smallville et il deviendrait une victime de choix
pour cette faucheuse de vie. Ses pensées s’interrompirent lorsqu’il
entendit quelqu’un approcher de son lit.
- Père ?! Je te croyais repartis au manoir à cette heure.
- En fait Lex…je repars à Métropolis.
- Quoi ? C’est une autre de tes blagues sadiques n’est-ce pas !
Épargne-moi s’il te plaît, je n’ai pas la tête
à...
- C’est très sérieux Lex. Tu gagnes, j’ai révisé
tous les profits qu’avait fait l’usine lorsque tu étais en
tête et j’ai réalisé qu’elle a un gros potentiel
de revenu. Aussi, si cela peut motiver les troupes, je veux bien faire des travailleurs
des actionnaires à 49%. Je te laisse voler de tes propres ailes Lex.
Tu m’as prouvé ce dont tu étais capable. Mais tu rentreras
avec moi à Métropolis.
- Je savais que c’était trop beau pour être vrai !
- Plaît-il ?
- Je ne rentrerai pas à Métropolis avec toi. Ma place est ici
et nul part ailleurs.
- Qu’est-ce qui te prend Lex. Je ne te reconnais plus ! Lorsque tu es
atterris ici, tu me maudissais, tu répugnais à te retrouver dans
ce trou. Et aujourd’hui, tu fais tout pour ne pas repartir. Même
si je jette sur toi les plus odieux des plans, même si je menace tout
ton monde de s’écrouler, tu t’entête à rester
ici. J’ai toujours cru que c’était pour me tenir tête
comme tu l’as toujours fait et rien d’autre… Mais je commence
à penser que quelque chose d’autre te retient ici et je finirai
par trouver ce que c’est. Lorsque je le tiendrai, je te jure que je...
- Si tu t’approches de Clark le moindrement ou de sa famille, je te jure
que je ferai tout en mon pouvoir pour que tu...
- Ai-je mentionné le nom des Kent mon garçon ?
- … (Lex avait un regard horrifié derrière son masque de
Luthor et même si cette expression ne dura qu’une fraction de seconde,
Lionel, le regard noir et perdu, avait semblé pendant un moment la saisir,
même s’il était désormais aveugle).
- Je vois. C’est donc ton amitié avec ce garçon qui te tient
dans cette ville depuis si longtemps. Fils, si tu ne reviens pas avec moi à
Métropolis aussitôt que tu seras remis sur pied, les Kent ne se
remettront jamais des malheurs qui leurs arriveront.
- JE LE PROTÈGERAI ! Je le protégerai au prix de ma vie tu entends
! Jamais rien n’arrivera à Clark aussi longtemps que je serai envie
et s’il lui arrive quelque chose… (le regard de Lex se fit inébranlable)
je me tuerai, je t’en fais la promesse formelle. Alors, tu te retrouveras
seul à jamais.
- C’est donc cela (un sourire indéchiffrable apparu sur le visage
de Lionel Luthor). Tu l’aimes n’est-ce pas ?
- Fous moi la paix !
- Tu n’as donc plus besoin de moi. Tu es devenu un homme, comme j’ai
toujours voulu que tu en deviennes un. Je te laisse en paix pour le moment Lex,
mais n’oublie jamais qui est ton père.
Sur ce, Lionel sortit de la pièce en renversant une petite table au passage
avec sa canne.