Chapitre 5 : Chez-moi et nul part ailleurs
Clark s’était endormi, transi par l’épuisement et
la peine. Seul le soulèvement régulier de sa poitrine prouvait
qu’il était encore de ce monde. Jonathan regardait son fils d’un
air songeur. Clark n’avait jamais caché à son père
toute l’affection qu’il éprouvait pour son ami et il l’avait
défendu avec acharnement tant de fois, qu’il en était à
se demander si son fils se serait remis un jour de la mort de Lex Luthor. Il
fit quelques pas en direction de Clark et remarqua que son visage était
imprégné de traces rougies ou blanchies, probablement faites par
de nombreuses larmes.
- Clark...
Son fils se mit à s’agiter et ouvrit les yeux, lentement.
- Si tu veux aller voir Lex ce soir, il est temps. Les visites se terminent
à 7 heures.
Clark regarda sa montre et se leva aussitôt.
- Il ne me reste que quelques minutes. N’auriez-vous pas pu me réveiller
avant ?
- Clark…tu as besoin de reprendre des forces…
- Lex a besoin de moi papa, il a besoin de moi.
- Je sais mon fils…je sais.
- Papa…j’ai pensé…enfin…j’aimerais que
Lex fasse sa convalescence à la ferme avec nous. Ce n’est pas son
père qui irait prendre soi de lui et je suis assez inquiet…crois-tu...
- Je n’en sais rien Clark, même blessé, un Luthor (Jonathan
regarda son fils prendre une expression excessivement blessée et se reprit.)…D’accord
Clark, c’est d’accord. Mais au moindre...
- Il ne fera rien contre nous papa, je te le promets. Lex est quelqu’un
de bien, il te le prouvera avant la fin de l’été. Je ne
te remercierai jamais assez pour ce que tu viens...
- Laisse et dépêche-toi d’aller le rejoindre.
Pendant qu’il courrait jusqu’à l’hôpital, Clark sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Un bonheur presque trop grand l’avait envahit et il sentait que le monde entier se pliait devant la puissance de ce sentiment. Lex serait bien avec lui à la ferme. Il s’occuperait de lui comme personne auparavant. Avec Clark cet été, Lex saurait enfin ce qu’est être heureux. Il y veillerait.
Les paupières de Lex tombaient lourdement, retenues par des voix qui
s’agitaient à l’extérieur de la chambre. Lorsque les
voix s’élevèrent, il les ouvrit complètement réveillé.
- Je vous dis que les visites sont terminées monsieur Kent. Il est 7h05
et...
- Laissez-le entrer garde, ça va.
- Je suis désolée monsieur Luthor, mais le règlement...
- Je vous conseille de le laisser entrer, ou vous n’aurez plus jamais
l’occasion de citer ce règlement à l’avenir.
L’infirmière, surprise par la menace, laissa passer le jeune fermier
et passa son chemin sans rien dire.
- Merci Lex…je suis désolé d’arriver si tard, tu dois
être fatigué.
- Non ça va (mentit Lex). Tu vas bien…
- Lex…je suis désolé…pour tout.
- De quoi parles-tu ?
- Je sais que je n’ai pas toujours été honnête avec
toi. Je sais aussi que je n’ai pas toujours su me montrer un véritable
ami...
- Clark c’est ridicule, je ne sais pas combien de fois tu m’as sauvé
la vie...
- Laisse moi finir Lex. Je t’ai souvent rejeté, car j’avais
promis de garder le secret sur mes origines. Mais sache que j’ai toujours
eu confiance en toi. Toujours. Jamais je n’ai douté une seule seconde
de ton amitié pour moi. C’est d’ailleurs pour ces raisons
que j’ai même été jusqu’à apporter un
« criminel » blessé chez toi au beau milieu de la nuit. Mais
j’aurais du briser cette promesse pour toi Lex. J’aurais du te le
dire dès le début. Ma réserve n’a fait que mettre
de la distance entre nous et aujourd’hui, je n’arrive pas à
me le pardonner. Pas après…
- Clark…arrête maintenant. Tu avais raison. Je ne suis pas toujours
digne de confiance tu sais. J’aurais très bien pu te trahir.
- Non tu ne l’aurais pas fait. Je sais que tu ne l’aurais pas fait.
Je sais que tu tiens à moi…autant que je tiens à toi.
- Oui c’est vrai Clark. Et je te promets que lorsque je rentrerai au manoir,
je...
- Non pas tout de suite Lex. Tu ne passeras pas ta convalescence au manoir Luthor.
C’est hors de question. J’aurais toujours cette peur au ventre tout
au long de la journée…que tu…
- Tu as une autre solution peut-être ?
- Tu vas venir passer l’été chez moi.
- Quoi ! Et tu comptes me cacher à la cave moi aussi !
- Mon père est d’accord, je lui en ai parlé et...
- Ha oui ! Avant ou après l’avoir saoulé à mort ?
- Arrête Lex. Ce n’est pas une négociation. Tu viendras chez-moi
un point c’est tout.
- C’est un ordre on dirait.
- Oui et ne me laisse pas user de menace.
- Tu tiens donc autant à moi pour t’encombrer du parfait infirme
et...
- Tu en doutes encore?
Lex regarda Clark dans les yeux un instant avec toute l’affection et la
reconnaissance du monde.
- Non. Très bien….mais il faudra prévoir un espace pour
que je puisse travailler…
Clark roula ironiquement les yeux.
- Commence par reprendre des forces d’accord. Je te laisse, je reviendrai
te voir demain. Les médecins disent que si tout va bien, tu pourras sortir
des soins intensifs dans une semaine. Après, nous transfèreront
tes affaires chez-nous. Tu n’as qu’à me faire une liste,
je la remettrai à Enrique.
- D’accord. Clark….merci. Je n’ai jamais douté de ton
amitié tu sais.
- Je sais….Bonne nuit Lex.
Sur ce, Clark se leva et quitta la chambre, un sourire serein aux lèvres.